TransPac 2023

Le 07 Octobre 2023, le canal de Panama est bien passé et nous voilà à la marina de Playita pour finaliser la préparation de notre transpacifique à venir. Une dernière visite de la vielle ville, puis les indispensables appros, rangement d’Ohana, check du gréement dormant et nous voilà fin prêts pour nous attaquer à cette belle aventure. La traversée se fera à trois (et demie), Ludo, le skipper, Marie, équipière et chérie de Ludo, Fred, équipière et sœur de Ludo et Rustine, la demie !

Nous décidons de commencer par un stop sur l’archipel des Las Perlas. Manue, encore à bord depuis la traversée du canal, nous accompagne et nous la laisserons au ferry à San Miguel sur Isla del Rey.

Quelle belle idée de passer par l’archipel de las perlas, car nous avons pu avoir de beau cadeau offert par la nature. Après une petite journée de navigation, nous décidons de mouiller sur Isla Saboga. C’est un petit mouillage tranquille ou deux autres voiliers ont choisi également de mettre leur ancre. Le lendemain, nous descendons à terre pour visiter le petit village de Saboga. Nous sommes surpris par la pauvreté du lieu, si près une grande capitale de la finance mondiale. Après une petite baignade bien rafraichissante, nous décidons de changer de lieu et d’aller à Isla Chapera. C’est avec difficulté que nous cherchons un endroit calme et paisible pour mouiller. Finalement nous le trouvons même si un commentaire récent sur l’application Navily nous indique qu’à marée haute ce lieu est jonché de débris plastiques, car la marée est descendante et c’est calme pour un mouillage. Ce commentaire va s’avérer vrai, il y a plein de plastiques en suspension mais nous décidons d’y rester. Nous mettons l’annexe à l’eau et tous le monde se retrouve sur une belle plage de sable fin. Nous décidons de faire une séance collective de Yoga sous la direction de Fred. La séance est très sympa dans un cadre fabuleux. Malheureusement assez rapidement les Chikras vont se joindre à nous et bien nous montrer leur présence en nous infligeant d’une multitude de petites piqures. Nous abrégeons la séance et rentrons nous mettre à l’abri à bord d’Ohana.

Le lendemain, nous descendons doucement vers San Miguel et là nous avons la chance de rencontrer une belle baleine à bosse avec son baleineau. La mer est d’huile, le ciel est gris et nous avançons doucement vers eux avec le moteur à très faible régime. Puis à quelques dizaines de mètres de l’endroit où ils ont plongé pour la dernière fois, nous éteignons le moteur et, grâce à notre ère, continuons à nous rapprocher d’eux doucement et sans bruit. Le petit baleineau refait surface et sa curiosité le pousse à venir voir quelle est cette masse sombre et silencieuse qui flotte et progresse doucement. Quelle joie de voir ce baleineau si près. Son œil croise les nôtres et nous remplit de joie et d’émotion. Ce moment bref nous comble et très rapidement nous reprenons notre route pour les laisser tranquilles.

Un dernier mouillage pour Manue, à côté de San Miguel. En effet, Manue nous quitte pour rentrer en France alors que nous, nous allons traverser.

Samedi 14 Octobre, nous venons de faire de grand signe d’aurevoir à Manue. Ludo fait un dernier point météo et nous décidons d’abréger notre séjour à las perlas et de partir directement pour les Marquises. Il est 13h15 !

C’est par une mer calme, et un ciel noirci par les nombreux grains qui nous entourent que nous commençons un premier bord au près pour sortir du golf du Panama en direction de la « punta mala ». L’objectif est de faire une route la plus sud possible pour sortir de la ZCIT* qui se trouve actuellement sur la latitude 7°. Pourquoi avons-nous décidé de choisir ce moment pour démarrer notre Transpac ? C’est grâce à un flux de sud nous permettant de faire très peu de moteur et 3 à 4 jours d’accalmie de l’activités orageuses. Même si ce choix va nous faire faire un près très serré, c’est une bonne pioche, car nous n’aurons que quelques d’orages peu actifs et nous pourront descendre suffisamment au sud en 3 jours pour sortir de la zone avec seulement 10 h de moteur. Le 17 Octobre nous faisons notre dernier virement de bord, pour attaquer un petit bord de quelques semaines. Il nous reste 3495 Mn à parcourir (Soit 6463 Km à 12 Km/h de moyenne) !

Nous n’avons plus d’orage, mais de nombreux grains rendent la navigation très humide. Ce n’est que le 7ème jour où nous allons avoir une belle journée ensoleillée. On en profite pour se refaire une petite santé et ce sera aussi un jour de lessive. Le vent est à force 3 et Ohana file au bon plein à 7 Kts.

Le 8ème jour est pluvieux et le vent est plutôt faible. On décide de sortir l’arme petit temps, le Gennaker ! au bout de 3 heures le nœud de drisse se défait et bing notre Gennaker est à l’eau. On le ramène à bord rapidement et nous voilà sans drisse** de spi ! Les gribs météos nous prévoyaient de nombreux moments de vent léger et il était bien dommage de ne plus pouvoir sortir ni Gennaker ni Spi, par manque de drisse. Après une brève concertation de l’ensemble de l’équipage, il est décidé que Ludo allait monter dans la mâture. Il va grimper en tête de mât pour pouvoir remettre la drisse de Spi en place. Le temps est maussade et couvert, le vent est faible et la houle est longue.

Nous mettons Ohana à la cape, afin de limiter les mouvements de ballant dûs à la houle. Puis Ludo est envoyé dans le mat avec l’aide de Fred et Marie. En haut, Ludo passe un messager (fil très fin mais costaux) légèrement lesté. Celui-ci descend doucement à l’intérieur du mat. Arrivé suffisamment bas, Fred récupère le messager avec un petit crochet. Puis elle accroche solidement le messager à la drisse de spi pour que Ludo puisse la remonter dans le mat et la faire sortir par l’extérieur. Malgré quelques petits moments de stress, l’opération se fait en une ½ heure et surtout avec succès. Nous sommes tous les trois très fiers d’avoir pu mener à bien cette opération. L’avenir nous dira qu’elle n’aura servi à rien car la météo sera plus venteuse que prévue. Mais quand même….

Le 9ème jour, nous décidons de faire une pause dans notre progression. En effet, nous avons envie de prendre un repas tranquille et plus ou moins à plat. Nous mettons donc Ohana à la Cape et passons à table. C’est un moment bien agréable et après cette petite pause, nous voilà repartis vers l’Ouest.

10ème jour, RAS, sauf Fred qui se coupe en prenant un morceau de vaisselle cassée sur le pied. Rien de grave, mais c’est là que tu réalises qu’il faut faire super gaffe, car le moindre accroc peut vite dégénérer en catastrophe… si loin de tout.

11ème jour, la grosse bouteille de gaz, 5kg, est vide, pas grave on va prendre l’une des 3 bouteilles, de 2,5Kg, qui sont à bord pour continuer à cuisiner des petits plats sympas. Sauf que, la première bouteille est vide, puis la seconde aussi. Ouf la troisième est pleine ! Mais que s’est-il passé ? pourquoi 2/3 de notre réserve de gaz n’est plus ? Quoi qu’il en soit il nous reste environ 3 semaines de gaz, sans trop tirer sur le four. Faut-il encore que nous soyons arrivés dans 3 semaines, normalement oui ! InchAllah. Pourquoi cette erreur d’appro ? Le responsable est Ludo….

12ème jour, le ciel est de nouveau couvert et nous allons avoir encore une journée à faible rendement solaire. Sinon c’est une journée sans rien de spécial.

13ème jour, rien de particulier sauf que Ludo à oublié de refermer le hublot avant. Résultat le matelas avant est trempé. A un moment de la journée nous avons pris un cap plus Nord afin d’être plus à plat pour faire tourner le désalinisateur. Ludo en avait profité pour ouvrir le hublot avant afin d’aérer l’intérieur du bateau. Dès la fin de l’opération Désal et la reprise de cap une belle vague est passée par-dessus le pont et la suite est connue…

14ème jour, le capteur de vent commence à montrer des signes de faiblesses. Il donne des infos pas super cohérentes. Ludo tente de le reprogrammer et çà à l’air de vouloir fonctionner. En fait il va marchoter jusqu’à la fin. Après le Transpac, on se rendra compte que le câble qui monte dans le mat est endommagé et qu’il nous faudra le changer. Le vent, Girouette et Anémomètre, est un élément important nous permettant de naviguer avec l’option « régulateur d’allure » au lieu du « pilote auto » du pilote Raymarine. Le mode régulateur nous permet d’avoir les voiles bien réglées en permanence, reste à surveiller que le vent ne tourne pas trop pour garder le bon cap. Et en grande navigation c’est super confortable.

15ème jour, temps calme et vent léger RAS.

16ème jour, à 2h du matin plus d’électricité sur le réseau service du bateau !! Depuis trop de jours, nous sommes en déficit de chargement par les panneaux solaire. Notre Hydrolienne ne marche pas super et c’est bien connu, l’éolienne ne sert pas à grand-chose en navigation. Avant la Transpac, au Panama, nous avions changé notre parc batteries et sommes passés sur des batteries Lithium. Il s’avère que notre contrôleur d’énergie n’était pas correctement paramétré et nous avons été mis en erreur sur notre réserve électrique. Bref, nous démarrons donc le moteur et hop ça recharge tranquillement et très rapidement. C’est ainsi que l’on apprend et depuis ce jour nous n’avons plus jamais été repris en défaut d’électricité.

17ème jour, petite phrase mais grand moment de notre petite histoire. Nous coupons l’équateur à 13h07 par 117°01.633W. Poséidon nous accueille dans l’hémisphère sud.

18ème jour, nous hissons le Gennaker qui au bout de quelques heures repart à l’eau pour les mêmes raisons. C’est décidé le nœud de capucin ne sera plus utilisé sur la drisse de SPI. Ludo décide de faire un œil épissé. Au moins là çà tiendra ! Quoi qu’il en soit, pas d’option de remonter dans le mat. La mer est trop agitée.

Tous les autres jours jusqu’au 24ème se passeront sans évènement particulier. C’est bien 24 heures avant notre arrivée aux Marquises que nous avons la mauvaise surprise de voir la Grand-voile décousue en partie et déchirée aussi ! mauvaise nouvelle. Nous allons donc faire le reste de notre voyage uniquement avec le Génois. Ouf, il nous reste moins d’une journée. Ludo contacte le chantier naval d’Hiva Oa pour savoir s’il est possible de réparer la voile ASAP.  Bingo, le maitre voilier est là et il part en vacances pour 3 semaines dans 2 jours. Plus le choix, direction Hiva Oa, pour retrouver Fifi (Le chéri de Fred). Par contre, durant cette journée, nous avons eu la chance de voir au loin des baleines en train de sauter. Le spectacle est assez impressionnant. Quel Accueil en Polynésie !

25ème jour, 7h35 nous apercevons la terre. Il nous reste 28 Mn !!

A 13h30, nous rentrons dans la baie de Taha Uku à Hiva Oa. Une raie Manta saute juste à côté du bateau. C’est assez irréel !! A 14h, nous mettons pieds à terre, Fifi nous y attends. Nous sommes très heureux d’arriver et de l’avoir fait. De plus un joli rêve s’est réalisé, nous sommes aux Marquises….

ZCT* : Zone de Convergence InterTropical. C’est une large bande chargée de Cumulonimbus, plus connu sous le nom de « Pot-Au-Noir », donc souvent présence d’orage violent.

Drisse** : bout permettant de hisser une voile en tête de mat


Commentaires

5 réponses à “TransPac 2023”

  1. C’était un grand bonheur de partager cette traversée exceptionnelle sur Ohana avec un équipe de cœur.

  2. Avatar de Schumann
    Schumann

    Traversée qui doit être fantastique malgré les « fortunes de mer ».
    Et en 25 jours : bravo. !!! 👏
    Bonne continuation, et régalez nous avec votre blog
    Mavi et Claude

  3. Avatar de Marie Lanfranchi
    Marie Lanfranchi

    Un grand bonheur de vous suivre. Quel voyage de rêve ! On pense à vous 😘

  4. Avatar de Monique Guyot
    Monique Guyot

    Merci pour ce récit d’une merveilleuse traversée de Pacifique !
    J’espère que les cumulonimbus ne vous gênent pas trop?
    En Provence ´depuis 3 jours c’était : froid , pluie et vents violents !
    Bisous à bientôt
    Monique

  5. Avatar de Elric
    Elric

    Très heureux de lire ça! Quelle aventure depuis cette petite rando à la Graciosa!

    Continuez de nous faire rêver et bon vent ⛵
    Elric

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *