Transat retour Mai 2019

Mercredi 1 Mai
Saint Martin 8h30 : Nous quittons le mouillage pour aller à la pompe à essence faire le plein de gasoil et d’eau. Arrivée à la pompe, un voilier finlandais (Dehler 47) était déjà en attente et nous dit que la pompe n’était pas ouverte aujourd’hui. René est allé voir à la capitainerie et tout s’est arrangé, nous avons pu faire le plein de gasoil. Les finlandais nous ont remercié en rajoutant qu’il valait mieux savoir parler Français à Saint-Martin. Puis nous nous sommes donné rdv au Piter’s Bar à Horta aux Açores.
Pour l’eau il a fallu changer de quai et c’est en m’accostant qu’une violente rafale de vent m’a rabattu sur un voilier déjà à quai. Bilan un chandelier plié pour Ohana et rien pour l’autre voilier.
Nous avons fait le plein d’eau et Didier est allé payer la note.
Nous voilà prêt. Il est 10h30 et c’est parti. Dans un premier temps, je décide de passer par le coté Est Anguilla. Très rapidement je me rends compte que cela n’a pas de sens et je change d’avis pour contourner Anguilla par le Sud. Toute la première partie nous sommes protégés de la houle par les iles. Notre objectif est de monté au nord (Cap 005°) jusqu’à Dimanche pour contourner un anticyclone et prendre le flux d’Ouest entre les dépressions du nord et les anticyclones du sud. A midi nous avons mangé une salade de lentille, préparé par Brigitte. J’en profite pour rappeler mes consignes de sécurités, être attaché durant la nuit dans le cockpit et quel que soit l’état de la mer. Et je demande à écrire de temps en temps une ligne dans le journal de bord afin d’avoir une trace toutes les 2 ou 3 heures. Puis…. Une fois en pleine mer, c’est une autre histoire. La mer se creuse et nous avons un vent d’Est de 16 à 18 kts. Deux houles croisées et l’allure est au près. Ohana est sous Trinquette avec 2 ris dans la GV (Grand-voile). Didier est le premier à être malade, je ne vais plus le voir pendant les 3 prochains jours, puis nous sommes tous plus ou moins vaseux. Brigitte fait une cure de Mercalm pour tenir le coup !! René est étonnamment absent. Je décide de passer à des quarts longs. C’est-à-dire des quarts de 5h plus un quart de 4h de 2h à 6h. Dans les faits, je vais faire un premier quart de 66 heures (En solitaire en somme !)
Le premier soir, aucun repas ! Je m’installe pour assurer une veille toute la nuit. Je rentre un peu de trinquette et prends 3 ris de GV. Cela n’empêche pas Ohana de bien avancé.
Jeudi 2 Mai
La mer est un peu moins agitée. Je ressors toute la trinquette et garde 2 ris de GV. Ohana se comporte toujours aussi bien. Raymond (le pilote automatique) est en pleine forme. (Ouf !!).
A midi, avec René on se fait un sandwich au pâté avec une tomate et une banane en guise de désert. Le soir je tente de faire un premier repas chaud. Steak Haché, coquillettes. J’ai dû quitter le carré deux fois en catastrophe pour soulager mes entrailles à l’arrière du bateau. Moi aussi, j’ai besoin de m’amariner. Mais, victoire, j’ai pu servir un plat chaud à René et Brigitte qui n’avaient pas la force de quitter le cockpit. Après le repas, je me suis installé à mon poste de veille après avoir réduit la voilure. Trinquette rentré de 3 tours et 3 ris de GV.
Vendredi 3 Mai
La mer est toujours dans le même état, je ressors les voiles en gardant toujours 1 ris dans la GV.
A midi je prépare une salade (Coquillette, tomate, thon, maïs). Tout le monde va en manger, c’est cool !
A 15h, nous croisons un cargo. Le SHOWM. Celui-ci prend contact avec nous et nous dit qu’on est le premier voilier qu’il croise. Il vient de Jamaïque et part vers l’Europe. Puis il me demande si j’ai de la bière à bord. Je lui réponds bien sûr et il me propose de faire un échange avec du rhum blanc. Intrigué, je lui demande comment il compte procéder à l’échange, et il me répond de me mettre à côté de lui et nous pourrions faire l’échange avec un panier. Quelle situation incongrue, je reste très amusé par la proposition, mais la refuse prétextant ne pas avoir envie de changer de route. Il comprend et nous souhaite bonne route. La vie commence à revenir à bord, j’ai pu mettre un peu de musique (Bob Marley). Le soir, Brigitte nous a préparé une sorte de couscous qui était très bon. La boite de Merclam est maintenant quasi vide !
Je réduis les voiles et prends le Quart de Didier (Toujours HS), soit 21h – 2h.
samedi 4 mai 2019
Vers 2h, en toute logique le vent baisse, car nous nous rapprochons de notre anticyclone. Je décide de sortir la trinquette en grand et de garder un ris dans la GV. A 2h30, René viens me remplacer. C’est ma première relève de nuit. Je lui passe les consignes et vais me coucher.
A 5h30, j’entends René sortir toute la GV. Je me lève pour lui proposer de sortir de Génois. Génois sorti, nous retrouvons un rythme de croisière normal. Brigitte et Didier nous rejoignent. Alors René pars ce couché et moi je descends prendre la météo à 4 jours pour me rendre compte que la situation n’a pas changé.
Toute la journée, le vent est resté faible 9 à 11 kts, mais toutes voiles dehors, Ohana filait à 6,5 kts de moyenne. Brigitte nous a fait une salade avec le reste de coucous d’hier. La journée fût très calme et tout le monde se sent beaucoup mieux.
Depuis le début de notre retour, Raymond fonctionne superbement bien. Par contre, depuis que nous avons nettoyé les charbons du moteur, celui-ci fait énormément de bruit. Rien d’inquiétant, mais c’est désagréable dans la chambre de Didier, ou quand tu fais ton quart dans le silence de la nuit. C’est une chose qu’il faudra élucider aux Açores.
Ce soir tout le monde veut du riz. Etant le spécialiste incontesté du riz, je me colle au fourneau et l’agrémente d’une sauce (champignons, oignons, lait coco, curry, cumin). Cette préparation aura un franc succès.
Cette nuit, c’est une première, les quarts prévus seront respectés.
Dimanche 5 mai
Vers 5h30, le vent en tombé (Force1), je sors de ma bannette, met le moteur en route et rentre le Génois. C’est parti pour 24h de moteur, conformément aux Gribs. Le bateau est à plat et j’en profite pour faire un peu de rangement. Malheureusement je suis obligé de jeter 4 citrons jaunes et 4 Bananes qui ont été oublié dans un sac de course.
Je me penche sur la météo en prenant les gribs du jour, ainsi que la carte isobarique de surface de l’atlantique Nord. Tous semblent bien conformes et le routeur nous prédit une arrivée au Açores dans 11 jours. J’ai quelques doutes, je dirais plutôt 13 à 15 jours.
C’est une journée peu passionnante car le moteur n’a pas cessé de ronronner.
A midi, melon jambon et le soir Carbo de Brigitte + crêpe faite par René.
La nuit se fera au moteur et je prendrais le quart de 2h à 6h.
Au petit matin nous avons croisé notre second Gargo
Les Sargasses sont très nombreuses. René les a rebaptisées les « Sales Garces ». Elles se sont accumulées sous le bateau et nous fait perdre 1 kts de vitesse. Je décide de mettre au point mort et puis une petite marche arrière. A ma grande surprise, une nuées d’algues sort du bateau. Je remets la marche en avant à 1500 Tr/mn et nous voilà de nouveau à 5 Kts.
La situation étant très calme, au niveau de la gite et autres mouvements du bateau, je décide de faire de l’Aloco (C’est-à-dire faire frire des morceaux de banane plantin). Tout le monde se régale. Puis on fait un repas reste.
Brusquement, l’alarme chauffe du moteur sonne. Cela faisait longtemps !! Je me demande si les Sargasses n’y sont pas pour quelques choses. Au même moment, le vent au 180°, donne 10 kts. C’est faible mais, je choisi de sortir la GV et le Génois tangonné en ciseaux. C’est un peu juste mais on devrait toucher un peu plus de vent en fin de journée. Puis je pars m’allonger dans ma cabine avant. J’ai besoin de m’isoler un peu.
Arrivée dans ma cabine, la fraicheur y est très agréable. En effet, ma nouvelle annexe étant semi rigide, je l’ai mis à l’envers par-dessus les hublots de ma chambre. En plus, je peux ouvrir en grand le hublot principal. Voilà pourquoi il fait bon s’y reposé. Je m’allonge et je me remémore ces mêmes moments, lors de la transat allée ! Je prends le volume 3 des aventures de Gilles Belmonte et plonge au 17° Siècle en plein Océan Indien. Merci Fabien CLAUW !! Au passage de vous recommande la lecture de ces trois fabuleux volumes (Pour les trois couleurs, le trésor des américains, et le pirate de l’Indien). Ou de venir les lires sur Ohana !!!
Le vent se maintient à 12 kts et nous fais tenir une petite moyenne de 5 kts. Finalement nous allons à la même vitesse qu’au moteur mais sans user d’énergie fossile. Cool !
La température de l’eau et de l’air baisse au fur et à mesure que nous grimpons vers le Nord. 21° pour l’eau et 29°dans le Carré. L’humidité est très importante le soir et nous commençons à avoir froid la nuit.
Cette nuit durant mon quart de 21h à 2h, j’ai croisé un cargo. Le troisième et Didier un Quatrième
Lundi 6 mai :
Je fais un point météo pour me rendre compte qu’il nous reste théoriquement 10 jours de Nav. Par contre, si cela ne change pas, les deux derniers jours seront au moteur. Cela à cause de l’anticyclone des Açores qui sera bien présent. Souhaitons que cela change d’ici là.
Les voiles (Génois+GV) sont en ciseaux et le vent arrière commence à bien fournir (Environ 15 kts). La houle est elle aussi de plus en plus grosse. Pour midi, je décide faire un poulet coco avec les huit dernières cuisses de poulet. Hum, un régal. Le plat à fait son effet. A part, Didier qui est toujours en vrac, tout le monde en a repris une ou deux fois. Moralité pas de reste !
Une fois repus, je pars m’allonger pour prendre mon quart de 16h à 21h. Ce petit repos fût bien réparateur et va mettre bien utile pour gérer les heures à venir.
Mon quart ce passe plutôt bien, Ohana file à une vitesse moyenne autour de 7 kts. Je suis seul dans le Cockpit, car la masse d’air est très humide et il fait froid. Je lève la tête en haut du mat, et… plus d’antenne TV, disparue. Cela répond à une interrogation que j’avais depuis 2 jours. J’avais retrouvé sur le pont une vis btr. Depuis ce moment je cherchai à savoir d’où elle provenait ? Etais, mat, annexe,… Je ne trouvais pas, maintenant j’ai la réponse. Et je préfère avoir perdu l’antenne TV qu’autre chose.
J’aperçois dans le sud et surtout au nord une belle ligne de cuminb (Orage). Cela me fait dire que je suis bien ici. A la tombé de la nuit, environ 19 heures, je me rends compte que la ligne de Cuminb arrive du nord vers le sud et qu’un premier très gros est devant nous. Je décide de réduire la voilure, Génois rentré et GV 3ris, afin d’arriver en retard au feu d’artifice. Je prends des rafales de + de 30 Kts. Ma vitesse étant toujours autour de 7Kts, je choisi de contourner l’Orage par le sud. Je fais fermer tous les hublots sans exception et demande à tout le monde d’être vigilant et de ne toucher à aucune partie métallique surtout mat et pieds de haubans. J’enfile ma tenue de quart et je remonte à la barre. Pendant 1 heure de vais slalomer entre ces cuminbs, puis….. Je me prends une douche colossale et le vent qui tombe petit à petit. Je me mets alors en fuite en attendant la fin de l’averse. Globalement je suis rassuré car nous sommes sous un Orage qui est en fin d’activité, donc pas de risque de foudre (Ma seule hantise). Puis le vent redevient stable (SW 15ks). Il est 21h. A ce moment-là, je vois Didier essayer de venir prendre son quart. Je lui dis que ce n’est pas la peine de monter, car je vais rester à la barre et qu’ils aillent plutôt prendre soin de lui en se couchant. Le pauvre Didier, accepte et retourne dans sa couchette. Je suis peiné pour lui !
J’ai donc décidé de continuer à gérer la progression d’Ohana.
Mardi 7 Mai
Minuit, transi de froid, je décide de descendre me faire une soupe chinoise. Hum, qu’elle fait du bien. J’en profite pour faire une ligne sur le livre de bord et René, qui dormait dans le carré, immerge de son sommeil et m’avoues être impressionné par ma résistance et surtout, la qualité de ma gestion de l’évènement. Cela me fait plaisir et je l’en remercie en rajoutant que c’est la mission normale d’un Skipper. Il me propose de me remplacer, je lui réponds qu’il n’a qu’à prendre son quart à 2h, normalement la situation sera stabilisée et il n’y aura plus qu’à faire de la surveillance. Finalement la situation s’est stabilisé à 1h15, et moi n’en pouvant plus, je demande à René de prendre la suite. Je quitte ma tenue de quart avec joie et me prends une petite douche brulante avant de m’effondrer dans la bannette du carré. Le reste de la nuit fût calme. A 5h je suis réveillé par le jour et je monte pour voir René, qui me confirme que tout va bien. Rassuré, je retourne me coucher. Il est 6 heures, je somnole et entends Brigitte, un peu patraque, dire qu’elle ne se sent pas de faire le quart. Didier, se sentant beaucoup mieux ce matin, se jette sur l’occasion pour se rendre utile et file remplacer René.
Coté Sargasse, c’est infernal. Depuis notre départ de Saint-Martin, impossible de pêcher. Trop de Sargasse. La température de l’eau étant en baisse (19°) j’espère que cela va bientôt s’arrêter !
7h, je prends la météo pour me rendre compte que nous risquons de mettre le moteur demain toute la journée, mais qu’après ce sera plutôt favorable.
La progression se fait tranquillement, sauf que nous devons prendre une route sud-est car pendant 24 h nous avons un vent de nord-est. C’est assez déroutant de faire route vers le cap-vert alors que l’on veut aller aux Açores ! Donc route sud-est avec 15kts de vent. Puis on prévoit un calme d’une quinzaine d’heure qui nous demandera de démarrer le moteur et faire route au 45°.
Mercredi 8 Mai
C’est vers 1 heure du matin que cela ce produit. C’est René qui est de quart, et je suis réveillé par le claquement des voiles, il n’y a plus de vent !! Je lui propose de rentrer le Génois et mettre le moteur en route puis Cap sur les Açores. Je l’aide à la manœuvre et file me recoucher. A 3h30, je suis réveillé par un appel Radio me demandant qu’elles fussent mes intentions. Je monte voir Brigitte, qui me dit qu’effectivement il y a un bateau devant nous sur bâbord et que l’on ne voit pas ses feux de position. Ce bateau n’apparait pas non plus sur l’AIS. Je leur réponds alors à la radio, que je surveille l’AIS et s’il y a un souci je changerai de route. Je remonte et là j’aperçois son feu rouge. Je dis à Brigitte « Rouge sur Rouge, rien ne bouge ». Puis je me rends compte qu’il y a un mat. C’est donc un voilier et non un cargo. De plus nous les dépassons, donc ils ne sont pas au moteur ! Conclusion, nous avons croisé un voilier qui n’avait pas d’AIS émetteur et qui nous a détecté grâce à un AIS récepteur et s’inquiétait de nos trajectoires convergentes. Je retourne me coucher. Vers 5h30, il fait jour et Brigitte viens me réveiller pour me dire que l’écoute Babord de Génois est dans l’eau et chargée de Sargasse. Je me lève, demande à Brigitte de mettre de suite au point mort le moteur et constate que l’écoute est passé sous la quille. Là, je peste ! Je défais le nœud au bout de l’écoute, la laisse partir dans l’eau et la ramène avec l’autre bout. Ouf rien de grave !
Je redescends et décide de faire du pain. Premier essai avec le nouveau four. Le pain est juste un peu trop cuit. Demain j’enfournerai en même temps que j’allumerai le four et je mettrai 10 mn de moins, c’est à dire 30 mn.
Nous avons donc pris un petit déjeuner avec du pain croustillant. Par contre, je n’oserai pas le montrer à mon fils, Yannick le boulanger. Mais après 7 jours de mer, c’était un plaisir !!!
Le point météo est de bel augure. Il est 10h et le vent est de nouveau présent et ne va que forcer. Il va falloir surveiller l’évolution pour ne pas être trop surtoilée. Pour le moment nous sommes au près avec Génois et GV en grand.
Aujourd’hui, je passe l’horloge de bord à +1 il est donc 11h30, le temps de faire le point de situation.
Brigitte nous a préparé un « lentille/saucisses fumées ». Ce plat chaud nous satisfait pleinement, il faut dire que la température est fortement à la baisse.
A la fin du repas, Brigitte aperçoit une masse noire à tribord, puis un souffle ! Et nous voilà en train de doubler un énorme cétacé qui est en train de faire sa migration vers le nord. Il a une toute petite nageoire dorsale, son nez est plutôt carré et son souffle va vers l’avant. Plus de doute c’est un énorme Cachalot et il est bien plus grand que la longueur du bateau ! Il nous est totalement parallèle, et va dans la même direction que nous. J’en conclus que mon choix de route est le bon, car si l’un de nous deux dois être dans l’erreur, ce serait plutôt moi.
L’après-midi se déroule bien et nous nous préparons à avoir un peu d’air cette nuit, entre 15 et 20 Kts. C’est Brigitte qui fait le premier quart et je la relayerai à 2h. La nuit tombe et le vent monte de plus en plus. On est plutôt dans du 25 Kts rafale 30Kts. La trinquette est en position tourmentin et la GV à 3,5 Ris de rentrés. C’est notre allure de travers qui rend compliqué la situation. Au Grand Largue ou vent arrière, ce serait beaucoup plus simple. Bref, plusieurs fois, je suis allé voir Brigitte et j’en ai profité pour régler les voiles. A 1h30, je lui dis que c’est ok, et qu’elle peut aller se reposer. Et moi j’attaque la fin de nuit à la barre. Nous avançons à une vitesse d’environ 5,5 Kts, ce qui est parfait ! Quelques belles claques, dus à une vague plus forte que les autres qui vient se fracasser sur le flan bâbord, me permettent de me tenir éveillé. Bien évidemment, je suis attaché.
Jeudi 9 et Vendredi 10 Mai
Vers 5h30, j’ai les yeux rougis de fatigue, mais le jour qui se lève sur cet océan déchainé, est un spectacle somptueux. Les vagues font parfois 5 à 6 mètres de haut et les rafales atteignent les 40 Kts. Je prends la temp° de l’air, 16°. Puis de l’eau, 17°. Breeee, mais quelles sont loin les températures douces des caraïbes ? Didier apparait pour prendre son quart, il a ½ heure d’avance. Je ne me fais pas prier, je lui passe les consignes et file dans le carré me coucher.
A 8h, je me réveille. Plusieurs grains nous entourent. Je demande à Didier de partir en fuite, plein sud, pour les éviter. Je m’attèle à la tablette pour télécharger les derniers fichiers gribs (Fichier Météo). Là, bonne surprise ! Notre dépression de 988 hpa file vers le nord. Nous devrions donc avoir un début d’accalmie dans l’après-midi et une prochaine nuit plus calme. Une fois les grains passés, Didier remet cap au Nord-Est.
La capacité du parc électrique est à 100%, avec le vent l’éolienne a tourné comme une folle toute la nuit. C’est un vrai bonheur de ne plus avoir ce genre de souci à gérer. Le top, cette ATMB D400 !!
Rien à changer, si ce n’est le vent ne s’est pas calmé. Il est même passé à Force 7. Il fait froid, et humide ! Pourquoi revenir dans ces eaux froides ?
Depuis plusieurs jours, je pense à mes potes qui sont en train de faire 4 jours de Kites à Fuerteventura aux Canaries. J’ai bien les boules de ne pas être avec eux ! C’est la première fois, depuis dix ans, que je loupe ce séjour « Entre couilles ». Je vais donc les appeler aussi ! C’est Gil qui me répondra le premier. Normal, il a un téléphone greffé sur lui ! La communication est mauvaise, mais je comprends bien qu’ils sont en train de boire des canons à ma santé, yes !!
En plein milieu de l’Atlantique, il y a un haut fond qui remonte à 5m. Incroyable ?? Mais pourtant bien vrai, il est aux 35° 50’ N 51°50’W. Il est évident qu’avec 2m10 de Tirant d’eau, plus une mer forte avec des creux de 6 m, il existe une probabilité de talonner, voire plus, en plein milieu de l’océan. Je fais le point et me rend compte que nous sommes passé au sud de cette zone à environ 150 Mn. C’est à la fois faible et beaucoup en même temps.
Cette nuit je suis de quart jusqu’à 02h. C’est un quart difficile car je commence à ressentir la fatigue. Les conditions étant plutôt forte, je ne pouvais pas rester trop longtemps dans le carré sans aller faire un tour sur le Cockpit. De plus, selon l’équipier qui était de quart, j’étais un peu contraint de l’accompagné pour faire le quart avec lui.
Samedi 11 Mai
Didier viens me relayer. Après avoir encore un peu réduit, je lui passe les consignes et file dans sa couchette pour me reposer. Je suis transi de froid et il me faudra un long moment avant de pouvoir me réchauffer.
Je me lève vers 10h et retrouve Didier de quart. La situation n’a pas changé, nous sommes toujours au travers et attendons avec impatience la bascule à l’ouest.
A midi, je me lance et je prépare une plâtrée de pates avec une sauce tomates préparé. Mes trois équipiers sont ravis de manger quelques choses de chaud. Moi j’ai du mal à avaler. J’ai de plus en plus de frisson. Après avoir enfin mangé mon bol de pates, je prends un doliprane et vais me coucher. Je dois prendre mon quart à 16h.
16h, je monte remplacer Brigitte, la mort dans l’âme. Je suis complètement cuit ! Finalement le quart se passe sans difficulté malgré le froid. Je suis super équipé, mais j’ai froid. A 19h je descends me réchauffer quand Didier se propose de prendre son quart 1 heure plutôt. J’accepte sa proposition, prends un Fervex et m’allonge sans souper.
Dimanche 12 Mai
5h, me voilà plus en forme. Je reprends un Fervex et retrouve René. Le vent vient enfin de l’Ouest force 4. Nous rentrons la trinquette qui est totalement déventée.
6h Brigitte prends son quart et je lui sors un petit bout de trinquette pour éviter au bateau de partir au LOF. Le vent est passé Force 6. Plus tard, je vais installer le tangon pour mettre la trinquette en ciseaux. Une fois en ciseaux le bateau file avec des pointes en surf à 13 Kts. Le top !!! Moi je vais bien et je suis prêt à prendre mon quart de 11h.
Aujourd’hui nous changeons d’heure. Il est donc 12h30 le temps de faire le point.
Durant mon quart, le vent forci tranquillement mais surement. Je décide de rentrer le tangon, qui est déjà mal en point, et je réduis de plus en plus la GV puis rentre la trinquette pour ne laisser qu’une petite partie (type voile tempête). A 16h, Didier monte pour me remplacer, je lui dis que je vais rester à la barre, car c’est chaud. Dans l’après-midi au plus haut du coup de vent nous atteindrons Force 9 avec la plus grosse rafale à 47 kts. L’océan est magnifique, les creux font plus de 7 mètres. Ohana ce porte superbement bien. Malgré tout, quelques nombreuses déferlantes nous pousse par derrière et font des petits départ au LOF. Par contre, une beaucoup plus grosse que les autres va quand même coucher le bateau, qui se redresse magistralement et avec fierté. René passe la tête pour voir si je suis toujours là ! De nombreuses déferlantes, qui passent par-dessus le bateau, auront raisons des deux planches de bois, à l’avant du bateau, sur lesquelles sont fixés 6 bidons de Gasoil. Je prends mon courage à deux mains et, sous la surveillance de mes équipiers, je file à l’avant pour récupérer les bidons. Tout va bien, les 120 litres de gasoil sont préservés. La journée continue et l’accalmie attendue ne vient pas. Je décide d’empanner et de partir vers le sud. La nuit arrivant doucement, je propose de la démarrer ainsi puis, si on venait à être trop fatigué et que cela ne se calme pas, de sortir l’ancre flottante de d’attendre demain matin. Tout le monde est OK. Pour cela et en prévision, je file à l’avant préparer un amarre pour pouvoir lancer l’ancre flottante depuis je cockpit si on avait besoin de le faire. Je garde le quart jusqu’à 21h et constate que ça commence à baisser. Pas plus de 33 Kts ! C’est René qui me remplace. Je vais essayer de me reposer, sans grand succès.
Lundi 13 Mai
Minuit 30, René viens me voir pour que je l’aide à sortir de la GV. Je me lève et nous sortons un ris. Puis il me dit qu’il aimerait bien que je le remplace (Alors que son quart ce termine normalement à 2h), je fais un peu la tête. Il me demande si cela me gêne ? Et je lui réponds, « s’il faut-y aller, j’y vais ». Je vais donc faire la fin du quart de René et complètement celui de Brigitte. Tout ce calme et vers 3h du matin, j’empanne pour repartir vers le nord-est. A ce moment je me rends compte que nous sommes sortie du Gulf Stream et que avons un courant de face. Le plus fort de ce courant contraire est de 3 Kts. Enorme ! Puis le jour se lève, et voilà une compagnie de Dauphin qui vient me saluer, rien que pour moi !
Vers 7h René se lève et monte me voir. Le vent tombe de plus en plus, je décide de mettre le moteur, je prends la météo. Et puis,… le frein de bôme que j’avais tendu pour tenir la bôme lâche. Mince, c’est un outil important pour assurer la sécurité lors d’un empannage. En m’approchant du frein de bôme, je m’aperçois qu’une vis de maintien à cassée et qu’il en manque une. Et là, tilt, la vis retrouvée sur le pont quelques jours plutôt n’appartenait pas à l’antenne TV mais au frein de bôme. Ouf, rien de grave, c’est réparable. Je vois qu’il y a 4 emplacements de vis, alors que le fabriquant n’en a mis que 2 !!! Société de M……. Je plonge donc dans ma réserve magique et trouve 3 vis avec le bon pas, plus celle retrouvée, çà fait quatre. Je remonte le tout et l’affaire est dans le sac. Heureusement que ça m’est arrivé alors que l’on était au moteur et non hier dans 45 Kts de vent. Puis je file prendre une douche et vais me coucher.
1 heure après, le moteur ratatouille ! Panne de Gasoil, bizarre. D’après mes calculs il nous reste 40 litres dans le réservoir. Je ne sors pas de mon lit et donne les directives pour faire le plein. Après avoir mis 20 litres, on redémarre et une heure après idem. Rebelote, 20 litres et on redémarre. Jamais deux sans 3. 1heure après le moteur s’étouffe encore. On l’arrête 5 mn et il repart. C’est Ok il y a de l’eau dans le Gasoil. Il va falloir le purger dès qu’il sera froid. Pour le moment on garde le cap à la recherche d’une zone de vent. Bon mon repos n’est pas très réparateur. Finalement, le moteur n’arrête pas de faire les siennes. Nous décidons de nous mettre en panne pour changer les deux filtres à Gasoil. 1 heure de Bricolage mené de main de maitre par René. On réamorce et le moteur repart. Maintenant reste à savoir pour combien de temps !
Malheureusement 1 heure après c’est le même symptôme. En même temps, le vent reprend et nous mettons les voiles. Ce problème de moteur devra être élucidé à notre arrivée aux Açores.
En attendant, on est bien reparti sous voiles. GV sur Tribord et Génois, tangoné, sur bâbord. Je demande aussi à René d’enlever les planches cassées, qui tenaient les bidons. On ré-attache les bidons qui ont eu tendance à se déplacer et on refixe l’annexe.
Moi je passe ma journée en pyjama ! Ça fait du bien de laisser faire les autres. Je vais dormir, bouquiner, puis me rendormir. En attendant mon quart de 2h.
Mardi 14 mai
2h, René me réveille pour aller remplacer Brigitte. Je prends le quart avec la même configuration de voile. Je me rends compte que le vent à un peu refusé et que le génois à tendance à ce dégonflé. Je décide de le rentrer, de prendre -10° de cap et je ressors le génois du même côté que la GV. C’est parfait le bateau file à 7kts et est bien équilibré.
A 6h, Didier viens me remplacer. Enfin, tout le monde prends son quart. Ouf ! Durant le sien, Didier va voir un petit cachalot qui va venir à 5m du bateau. Quelle chance ! Je suis content car cela me dit que l’on est bien revenu dans le Gulf Stream.
Les gribs de ce matin nous indiquent une situation bizarre d’ici notre arrivée. Nous risquons d’avoir des zones sans vent. Quoi qu’il en soit, le routeur nous donne un ETA Lundi 20 Mai à 02 :39 sur l’ile de Flores.
La nuit se passe tranquillement avec une brise de 15 kts de Sud-Sud-Ouest.
Mercredi 15 mai
Puis le matin le vent tombe complètement et nous essayons de mettre le moteur en route. Malheureusement des mêmes symptômes se reproduise avec cette fois l’alarme de chauffe qui se déclenche. Je me replonge dans la doc et constate que la surchauffe du liquide de refroidissement peut-être la cause d’un mauvais fonctionnement du moteur. Pour moi, tous les autres les types de pannes possible ayant été définitivement écartés, c’est bien un problème de chauffe et donc la boucle est bouclée. Depuis le départ de la Grande Motte, j’ai des problèmes d’alarme de chauffe. Rappel : Afin de préparer le voyage correctement, j’avais fait faire une grosse révision du moteur (3000€). Lors de cette révision, les mécanos ont constatés que le collecteur (pièce d’échange de chaleur entre le liquide de refroidissement et l’eau de mer) était fortement usé et qu’il serait bon de le changé. Ils me proposent un collecteur d’occasion qui a très peu servi. Je le paye 800€ sachant qu’un neuf c’est autour de 2500 €. Ils me le remontent et me voilà prêt pour le grand voyage. Malheureusement, à peine arrivé aux Baléares, je vais rencontrer des problèmes d’alarme de chauffe moteur. Après avoir appelé les mécanos, plusieurs fois, j’ai tous changé (tuyaux, plaque de pompe, boitier électronique, sonde) et j’avais toujours cette alarme qui apparaissait de manière aléatoire. Finalement, en arrivant en Atlantique nous n’avons pas été trop sujets à ce problème, car contrairement à la Méditerranée, on met très peu le moteur. Tout ceci pour dire, qu’aujourd’hui le problème s’aggrave puisque le moteur tourne mal. Pour ma part j’en conclu que le collecteur à 800 € est véreux !!! C’est la seule pièce qui n’a pas été changée et c’est depuis son arrivée que j’ai des problèmes. Du coup, je décide de couper définitivement le moteur et nous allons attendre que le vent revienne pour rallier les Açores. Cela risque d’être un peu plus long !
A l’exception de ce problème, rien de particulier, quelques dauphins autour de nous, une eau incroyablement froide (10°) et la pluie a cessé.
Du 16 au 18 Mai
Depuis de 15 Mai, nous avons retrouvé un petit vent léger qui nous permet de tenir un 5 kts de moyenne. Nous sommes sur le dernier bord. La vie à bord est légèrement monotone. Depuis quelques temps, nous pouvons commencer à pêcher, mais sans succès. En même temps, avec une eau à 9,5° !!!
La grande question est : Où allons-nous atterrir, Flores ou Faïal ? Pour notre fin de parcours, nous avons dû contourner l’anti cyclone des Açores, par le nord, afin de garder un vent favorable. Cela nous permet de passer juste à côté de Flores. Beaucoup de « transateux » ont pour objectif Flores, mais peu y arrive. Pour nous c’est possible ! Tout dépendra de notre heure d’arrivée. Si nous arrivons de nuit, nous continuerons sur Horta. Je ne veux pas prendre le risque d’arriver de nuit, dans une zone que je ne connais pas avec un moteur défectueux. Pour le moment, nous sommes prévus le dimanche 19 à 17h. C’est donc largement jouable ! Le vent est bien établi autour des 20 Kts. Et nous avançons à 7,5 Kts avec un ris de rentré dans le Génois.
Dimanche 19 Mai
Bon il faut dire que les quatre derniers jours, furent bien monotones ! Et nous voilà arrivé à Florès.
Les couleurs vertes des Açores, sont totalement surprenantes. C’est magnifique de passer du paysage sec et aride de Saint Martin et avoir l’impression d’arriver dans les Alpages Suisses.
Concernant la transat, ce fût une traversée fabuleuse. Je n’avais pas envie d’atterrir. Nous avons donc relié l’ile de Saint Martin aux Antilles à l’ile de Florès dans l’archipel des Açores. C’est une distance de 2105 Mn pendant 18 jours soit 4,8 Kts de moyenne. Nous avons consommé 135 l de Gasoil et 270 l d’eau. Cette transat m’a été pleine d’enseignement que je vais capitaliser afin de rendre les prochaines encore plus agréable.
Bises à vous tous


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