
Arrivés lundi 07 Février par un franc soleil dans une chaleur humide de latitude équatoriale.
Nous sommes accueillis par le grand copain de Ludo, « Philou », qui nous attends avec une bonne bière fraîche.
Notre première impression est mitigée. Un mélange entre une joie d’arriver, l’eau qui est marron, une végétation luxuriante et une marina qui n’a de « marina » que le nom. A terre, Philou obtient d’un bateau résident la possibilité de se mettre à couple. Et nous voilà enfin à terre après cette nouvelle transat. 13 Jours et 2 heures depuis Mindelo au Cap Vert, c’est plutôt une bonne moyenne.
La marina de Dégrad* de Canne, appartient au grand port maritime de la Guyane. Une personne est présente tous les matins pour te dire qu’il est complètement impossible d’avoir une place même s’il y a des dispos. Il semble qu’il y a une volonté de démonter ces pontons par le port pour y installer un terminal pétrolier. Ok, mais alors pourquoi ne pas déplacer la marina plutôt que la détruire ? Dommage !
Quoi qu’il en soit nous irons nous mettre au mouillage, avec possibilité de venir mettre l’annexe sur un ponton sécurisé, robinet d’eau potable à volonté et un accès à des sanitaires. Le tout pour 2€/par jour.
Après avoir trouvé une voiture de location pas trop chère, Fifi et Ludo partent faire des courses pour le déjeuner. Objectif : de la bière, des steaks, des frites et Ketchup/Mayo. Comme quoi après une transat, les désirs sont assez simples. Le ravitaillement ce sera plus tard !
Le soir nous sommes accueillis tous les 3 chez Philou et nous apportons 2 beaux filets de dorades coryphènes qui feront la joie des co-locataires de Philou.
Le lendemain, nous amenons Fifi à l’avion qui doit rentrer sur la métropole après avoir passé quasiment 1 mois sur Ohana en nous apportant sa bonne humeur légendaire.
Après quelques jours d’adaptation et de mise ne place, nous laissons Ohana à son ancrage pour aller passer le week-end en forêt.

Samedi 12 Février, on prend donc la direction de Régina, à 1h30 de route de Cayenne. Arrivée à Régina nous sommes accueillis avec un café par le gérant du camp Cisame, qui nous propose la visite du musée de Régina. A l’issue nous nous installons dans une pirogue pour une navigation d’1h30 msur le fleuve Approuague. Après une demi-heure de navigation, nous nous arrêtons à un check-point tenu par la légion étrangère pour un contrôle d’identité. Puis c’est reparti pour 1 heure de navigation sous une pluie diluvienne.

Arrivée au camp Cisame, la pluie s’est arrêtée et nous voilà dans le fin fond de la forêt Guyanaise, magique ! Accueil sympa autour d’un apéro, suivi du repas de midi. L’après-midi nous avons le droit à une initiation à l’Orpaillage, suivi d’un atelier Vannerie. C’est Ok, nous voilà orpailleurs et capables de faire un sac à doc avec les éléments de la forêt pour emballer notre gibier du jour (l’agouti) 😊
Le soir, après le diner, c’est une soirée très conviviale autour d’un feu dans l’un des carbets du camp.
Le lendemain, après une belle nuit dans des hamacs et sous moustiquaire, un copieux petit déjeuner nous attend.
Puis, Ludo va tenter de retrouver une embase de moteur, perdu par le piroguier du camp quelques jours avant. C’est donc dans une eau boueuse, par 4/5 mètres de fond et avec un fort courant de l’ordre de 2m/s que Ludo essaye de retrouver l’objet précieux. Malgré avoir insisté plus d’une heure, ce sera chou blanc. Ludo ne retrouvera pas ladite Embase.

A 10h, nous avons le droit de rentrer dans la forêt avec un guide forestier et nous allons découvrir les spécificités de la forêt amazonienne et tous cet écosystème entre le sol et la Canopé. Très intéressant ! A l’issue nous avons le droit de traverser le fleuve à la nage et derrière un petit parcours sportif nous attend.
A midi un nouveau repas, une sieste et nous voilà de nouveau dans les pirogues pour un retour sur Cayenne via Régina.
Ce WE, nous a permis de bien nous rendre compte de ce qu’était la vie en forêt amazonienne. C’était vraiment génial.

De retour à Cayenne, nous avons décidons d’aller à son carnaval. Pendant les mois de février et mars, tous les dimanches, les rues de Cayenne accueillent toutes les troupes qui défilent avec chars, musique et costumes divers. C’est un moment de communion, de joies et de partage entre toute la population qui est très chouette à vivre.
Assez rapidement nous allons nous rendre compte que notre safran est sérieusement endommagé. Nous décidons de le sortir de l’eau et d’entamer un gros chantier de réparation. Très vite, nous nous apercevons que c’est la suite d’une réparation très mal faite qui avait eu lieu 4 ans plus tôt. Ce coup-là, Ludo et Philou décident de faire une belle réparation partant du principe que l’on n’est jamais mieux servi que par soit même. La réparation va nous prendre un peu de temps et nous perturber dans nos projets d’aller à Saül ou Maripassoula ! De plus les fortes pluies exceptionnelles ne nous motivent pas à y aller. Il faut savoir que cette année la Guyane bat tous les records de pluie depuis que l’homme a enregistré des mesures. Beaucoup de routes sont devenues impraticables et la population a du mal à gérer cette abondance d’eau.
Par grave, on s’adapte et nous voilà dans la crique** Gabriel. Quel endroit magnifique ! Nous remontons cette crique avec notre annexe et le 15 cv.
La crique fait en moyenne 10 m de large et a un énorme débit. Nous sommes au milieu de grands arbres. Nous apercevons des petits singes. Au bout d’une grosse demi-heure, nous voilà dans une savane immergée. Une petite difficulté pour trouver le passage vers la forêt immergée. Une fois dans la forêt c’est plus à la pagaie qu’au moteur que nous progressons avec cet environnement incroyable où la forêt se reflète sur l’eau. Puis après avoir vaincu quelques chablis***, nous voilà au but de notre balade du jour, un lac en plein milieu de la jungle. Un petit pique-nique et nous voilà repartis pour le chemin inverse.
Une autre escapade nous mènera au bagne des amanites. Le chemin dans la forêt est toujours aussi magnifique. En arrivant sur les vestiges du bagne des panneaux nous expliquent l’histoire de celui-ci. Les bagnards étaient des opposants politiques indochinois, gardés par des tirailleurs sénégalais.
Nous continuons jusqu’à une crique où théoriquement on aurait pu se baigner. Malheureusement avec les intempéries l’accès à l’eau est impossible et le débit de la crique est simplement trop dangereux. Sur le chemin du retour nous croisons un employé municipal qu’est en train d’entretenir le site afin que la végétation de l’envahisse pas trop. Il nous conseille d’aller déjeuner au restaurant « Fleur de sel » à Montsinéry. Nous récupérons la voiture et nous voilà en route pour Montsinéry. En entrant dans l’établissement, 3 hommes sont en train de finir leur repas dans la très bonne humeur. La patronne nous propose du poisson en rajoutant « Je n’ai rien d’autre ». Après nous avoir servie elle vient s’assoir à notre table et très rapidement les 3 hommes se joignent également à nous. Et à partir de ce moment là nous allons passer un de ces moments exceptionnels que nous apporte le voyage en bateau. La gentillesse des personnes, le partage et l’échange ont fait de ce moment que l’on ne voudrait qu’il ne s’arrête pour rien au monde. Une certitude, nous devons encore plus nous adapter pour pouvoir passer plus de temps dans les endroits que nous découvrons. Bref, aujourd’hui nous voilà de retour sur Cayenne.
Quelques journées de travail pour finir définitivement la réparation du safran et voilà, Ohana est prêt à quitter le Guyane.

Avant de partir, définitivement, nous choisissons de faire une halte aux îles du Salut à 10 Mn au large de Kourou. Philou, décide de nous accompagner avec son voilier « Anao ». Depuis Cayenne, c’est une petite journée de mer qui nous permet de reprendre nos marques après 1 mois et demi de mouillage. Arrivés dans la baie des cocotiers, nous ressentons tout le poids d’une partie de notre histoire de France, « Les Bagnards ». Ile Royale est tenue par la gendarmerie et quelques associations. L’île saint joseph est tenue par le CNES et la 3° REI.
La troisième île, qui a accueilli Dreyfus, est interdite d’accès car inhospitalière à cause de sa difficulté d’accoster et ses courants violents. A l’époque, elle était reliée à l’île royale uniquement par un téléphérique ! C’est dire !! Ce lieu chargé d’histoire, est aussi un endroit magnifique. L’eau y est un peu moins trouble mais extrêmement poissonneuse. Des liaisons sont organisées depuis Kourou pour permettre au Guyanais de venir passer la journée sous les cocotiers, ou se baigner dans les piscines des bagnards.
Et puis, ce dernier moment guyanais se termine et nous voilà, un peu triste, de dire au revoir à Anao, mais également très heureux de continuer notre voyage.
Et c’est parti pour l’archipel des Saintes en Guadeloupe……..
*Dégrad : Débarcadère
**Crique : C’est le nom commun, donné à une rivière
***Chablis : Arbres tombés qui barrent le passage et rendent la progression difficile en forêt
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